« Un travail de longue haleine, une tripotée de connexions de qualité et des rencontres humaines avant tout ». C’est par ces mots que Martis résume son nouveau projet. Plus qu’une énième compilation de rap français, Guestlist s’annonce comme un véritable album de producteur. Pour ce qui est des instrus, c’est donc le beatmaker orléanais qui régale sur l’intégralité des 17 morceaux, ravivant l’âge d’or du rap du milieu des années 90.
La pochette ne ment pas. Les prods sont bien nourries au rhum à l’heure de l’apéro, léchées, taillées sur mesure pour le flow de chacun des MC invités. Côté géographie, on se situe sur l’axe Tours - Orléans - Chartres - Paris. Et le menu est plutôt réjouissant.
Du rap engagé de La K-bine en entrée au flow instinctif de Coup?K en plat de résistance, le repas promet d’être consistant avec Hardkore & Ame, Sondlam ou encore les Américains Killarmy juste avant d’attaquer le digestif. Cuisine expérimentale également avec quelques connexions inédites à l’image de Da Pro et Pompier, envisagée de longue date et concrétisée grâce à Guestlist. Ici pas de featuring virtuel mais des vraies collaborations avec des gens à qui le beatmaker tenait à « serrer la pogne ». Enfin, on se délecte bien sûr de plusieurs titres d’R-Mythe (Jean Jean) et Fred Dorlinz du label StalagmythE, chez qui Martis signe là son premier album.
Entre introspection, ego trip, prise de conscience ou encore fiction, les thèmes sont variés tout comme les ambiances qui passent aisément du soul/ jazzy aux caisses claires brutes dignes des classiques rap français. « Le son sonne comme il y a dix ans, on s’plaint pas car dans l’fond rien ne change », se plaît à répéter Drag One sur le refrain du savoureux « Simplement ». S’il y a un leitmotiv, il se trouve à coup sûr dans la recherche de la boucle efficace et du beat qui patate. Loin de donner des aigreurs d’estomac, cette Guestlist constitue une bonne carte de visite pour Martis et laisse entrevoir des suites qui nous font d’ores et déjà saliver.